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Lettre ouverte d’une Étrangère

Est ce qu’une fois qu’on a quitté sa terre on reste étranger toute sa vie? Ce statut d’étranger se transmet–il à notre descendance?
Question identitaire qui m’a beaucoup préoccupé ces dernières années.
Qui suis je ? Maéva, franco – congolaise et non française d’origine congolaise née de mère congolaise et de père centrafricain. Après avoir vécu plus de 15 ans de ma vie en France j’ai décidé de m’installer au États- Unis.
Que n’ai je pas entendu ?
« Tu quittes le navire «
« Tu étais bien contente d’avoir le passeport Français »
« La France t’a payé des études, t’a nourrit et maintenant tu la quittes »
Oui moi cette éternelle étrangère ingrate, je quittais la terre de Rousseau alors qu’elle m’avait « gentiment accueilli »
La première question à laquelle il me fallait répondre était pourquoi ?
Pourquoi je laissais famille, amis et amour pour « vivre le rêve américain » ? pourquoi part- on ?
Pour me construire un meilleur avenir, pour gagner de la valeur ajoutée à mon parcours professionnelle…
Oui, mais encore…
L’une des raisons pour lesquelles j’ai quitté la France était Aussi toutes ces choses qui me faisaient me sentir étrangère (les pseudo blagues racistes, les remarques, ma couleur associée à une infériorité, toutes ces petites choses dites sous le ton de la « rigolade  » Mais qui au final vous touchent et vous fait vous sentir étranger)
Cependant, L’africaine elle même était perdue parce que lorsque je rentrais en Afrique je ne me sentais pas totalement connectée à la terre de mes ancêtres. comme un manque…
Mon projet à toujours été d’y retourner mais pas tout de suite me disais je..
Pourquoi ?
Il faut dire que j’y suis un peu déconnecté.
Alors j’ai choisis d’aller aux USA.
Une société que j’avais Beaucoup idéalisé pensant que je serais Enfin Dans un pays où je me sentirais chez moi ou personne ne remettra en cause mon identité par quelques moyens que ce soit.
L’herbe est toujours plus verte ailleurs…
Oui vivre aux USA m’a guéri sur mon identité dans le sens où je sais d’où je viens et je sais que je n’ai pas à avoir honte d’être Avec les miens ou de préférer être Avec un Homme noir plutôt qu’un Homme blanc par exemple ou d’aimer le continent africain et de m’y intéresser de le mettre dans les projets.

Cependant le problème est que Quand tu aimes foncièrement l’humain sans faire de différence sur son origine sa couleur ou sa religion et que tu veux planter tes racines dans un pays, Tu t’intéresses à la culture tu te fais des amis. Par la meme occasion tu découvres que les USA sont peut être une terre d’immigration, mais toi étant une récente immigrée tu es une étrangère tu ne seras jamais totalement chez toi à cause de ces attaches qui te lient à l’Afrique et à la France.
En revanche, la différence entre les USA et la France est que Dans Ce pays ma descendance ne se verra jamais remettre en cause leur identité d’Américains. Peut être subiront-ils le racisme, mais ils marcheront fière dans leurs bottes car ils sauront qui ils sont.
En effet, mes enfants diront comme j’entends ici je suis de Washington Mais ma mère est congolo-française. Eux ne seront pas considérés comme immigrés parce que techniquement c’est moi l’immigrée. C’est moi qui ais quitté ma terre pour une autre…

Au final tu relativises beaucoup de choses et tu prends la vie comme elle vient.Il y a bien une terre où quelque soit mon passeport, je ne serais jamais immigrée. Elle est située au niveau de l’équateur, là où le soleil se couche à 18 h quelque soit la saison. Partout où j’irais je serais toujours étrangère mais cela n’enlève rien à ma valeur et ne m’empêche pas d’être épanouie je n’ai pas besoin d’être plus « Blanche  » ou plus « noire » pour plaire juste être moi (il n’y a rien de plus apaisant).

Avant je culpabilisais d’être partie, ces remarques entendues avant mon départ avaient planté les graines du remord. J’aurais du rester mener un combat pour changer les mentalités me disais je.
Avec le temps et l’expérience je me suis rendu compte que je ne pouvais pas changer le monde. J’ai arrêté de croire à cette force commune qui va faire évoluer le monde. je me suis recentrer sur mon monde en me disant qu’en faisant de moi une personne meilleure peut être arriverais- je à impacter une ou deux personnes.

Plus le temps passe, moins je tolère les propos racistes et ce même en blague et quelque soit la communauté parce que je me dit que tu ne peux pas blâmer le moustique de te piquer dans ta Maison Quand tu as Laissé la fenêtre ouverte.

Parcours d’une jeune étrangère et heureuse de l’être.

Photo lettre ouverte Maeva

Kaliny Guerez

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